Jazz en tête (1)

January 30th, 2006 by Ed
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glenn miller.jpgC’est à Lyon, en écoutant FIL(2), que j’ai découvert le jazz, pas seulement le jazz hot popularisé par le cinéma mais un jazz plus cérébral, celui qui fait fuir les non-initiés. Pourtant ce n’est qu’en assistant à mon premier concert que le jazz m’a prise toute entière, tête et tripes comprises. Le jazz, c’est une musique qui se vit et que les musiciens partagent sans réticence ; concentrés ou exhubérants, ils nous livrent leur âme avec chaque note.

phil collins.jpgA la guitare, au saxo, au piano, le jazz a produit son lot de vedettes mais, pour moi, s’il y a un instrument que seul le jazz exploite à merveille, c’est la batterie. Curieusement, c’est à Genesis que je dois cette découverte. Genesis, sa musique pop, ses musiciens virtuoses. Phil Collins(3) à la batterie, ciselant les rythmes, nous faisant voyager dans une autre dimension.

Concert en plein air, concert de rue, concert au fond d’une petite salle enfumée où le public, soudain, participe : du joueur de djembé qui s’installe pour un bout de dialogue batterie-percu au danseur de claquettes qui rajoute ses martèlements élégants… le jazz donne et prend vie sous les stacatti du batteur.

jeff tain watts.jpgIl peut vous emmener n’importe où tout en vous scotchant au fond de votre fauteuil. Inutile de régler l’assise car il contrôle tout derrière ses fûts. D’un coup de baguettes magiques, il se signale à votre attention et ne vous lâche plus. Lui, c’est Jeff Tain Watts(4), vu et entendu en concert l’an dernier. On le voit bien à sa concentration décontractée : il ne fait plus qu’un avec son instrument. Il semble à peine bouger ; il reste placide mais enchaîne pourtant à une allure vertigineuse les rythmes et les notes ; les baguettes volent, les balais délayent les mélodies, la batte ajoute sa ponctuation. Les notes semblent surgir de nulle part et de partout à la fois. Quel moment de grâce !

pilote.jpgDans mon esprit envoûté, l’image de Pilote(5) s’impose, je le revois avec tous ses bras, pilotant ses troupes de DRD, peaufinant les réglages de Moya.

C’est un concert magique(6), le public l’a compris. Captivé par la batterie, transporté par les vagues de la guitare, rassuré par la contre-basse moëlleuse, à la fin de la performance, il lui faut du temps pour revenir sur terre. Et quand il atterrit, enfin, il ne fait toujours qu’un, lié par l’émotion et la passion, il se lève et applaudit d’un même coeur.

(1) Jazz en Tête est le nom du festival international de Clermont-Ferrand
(2) France Inter Lyon
(3) Pour qui ne le sait pas, Phil Collins est un batteur de formation jazz
(4) Jeff Tain Watts est un batteur jazz de réputation internationale
(5) Un des personnages principaux de la série Farscape
(6) Cet instant magique était distillé par Lionel Louéké, jeune guitariste béninois, Essiet Essiet, à la contrebasse et Jeff Tain Watts à la batterie, lors de l’édition 2004 du Festival “Jazz en Tête”

Une Amérique au shaker

January 27th, 2006 by AM
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caldwell.jpgC’est pas nouveau mais toujours actuel, voilà un petit roman hilarant qui fait partie des valeurs sûres.

L’action a lieu aux Etats-Unis, dans un état du Sud-Est dans la première moitié du XXème siècle, mais pourrait très bien se passer de nos jours dans n’importe quelle banlieue défavorisée.

L’histoire est celle d’une veuve quadragénaire au physique médiocre (surpoids, cheveux rares) sans profession, sans revenus, portée sur la bouteille et prête à rendre service aux mecs en mal de libido.

Son entourage : sa fille, belle adolescente en quête d’une grande histoire d’amour, une voisine bigote et agressive dont le fils en pince très fort pour la belle ado et dont le mari est un ex-amant de notre pauvre héroïne. Il y a aussi le beau-frère feignant alcoolo et libidineux, un propriétaire grippe-sous, une femme de pasteur ex-institutrice et qui meurt d’ennui en compagnie de son époux psychorigide.

CALDWELL passe le tout au shaker et il en sort une comédie désopilante qui pourrait fort bien faire l’objet d’une pièce théâtre (qui sait elle a peut-être été déjà adaptée).

Testé par la famille dont les membres ont des sensibilités différentes mais tous branchés rigolade, ce roman a fait notre bonheur.

LE DOIGT DE DIEU, The Sure Hand of God (1947)
Erskine CALDWELL (1903-1987)

Sérénité

January 25th, 2006 by Ed
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Hamaya00.jpg
Copyright : © Hiroshi Hamaya/ Magnum PhotosJAPAN.
Honshu. Iwate. Granit rock formations along coast of Ohakozaki

Sculpture, culture, futur

January 23rd, 2006 by Ed
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Aphrodite/ Praxitèle David/ Michel-Ange Le penseur/ Rodin

On vous dit sculpture, vous pensez aussitôt Praxitèle, Michel-Ange, Rodin (Aphrodite , David, Le penseur), sculpteurs des corps dans toute leur plastique, témoins de la constance de leurs formes.

Femme debout 2/ GiacomettiGiacometti, avec ses hommes et femmes debout, assis, marchant, introduit une autre dimension, celle de son angoisse mais il continue toutefois à décrire les corps, même si ce ne sont que squelettes filiformes.

Il en va tout autrement de Tony Cragg dont la sculpture ne cherche plus à reproduire, sous une forme ou une autre, une réalité physique mais s’attache à nous montrer la relation des hommes avec leur environnement.

Stack/ CraggSes empilements d’objets sont comme des vues en coupe de couches géologiques. Ils nous émeuvent par leur densité ou leur fragilité, ils sont ce qui restera de nous après que le temps aura fait son oeuvre.

Cumulus/ CraggStack nous écrase entre ses couches de gravas alors que Cumulus nous expose toute la fragilité de ce monde à travers un éblouissant empillage de bouteilles, fioles, flacons de verre dépoli par le temps qui a passé sur eux comme un nuage.

Tony Cragg nous offre, avec “Bretagne vue du nord” (1) une autre vision du monde qui nous entoure et peut-être une direction, celle où l’on ne se contenterait pas de laisser une marque dans notre environnement mais où on chercherait à interagir avec lui de manière organisée et cohérente.

Britain Seen from the North/ Cragg

(1) Composition d’objets hétéroclytes regroupés pour former un tout cohérent, idée dérivée de la physique des particules (selon les indications données lors de l’exposition en Août 2004)

Poutchou Poutchou

January 21st, 2006 by Jack Bauer
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Elle est jeune, blonde, mignonne et sexy. Un poil plus énergique que la bombe d’Hiroshima, un micron plus bavarde que ma concierge, un chouïa moins attentive aux problèmes de ses semblables qu’un caillou, elle est toute entière dévouée à la cause du seigneur Il Palazzo, apprenti dictateur pontifiant et fondateur de l’organisation secrète Across, dont le but est de conquérir le monde, en commençant par la belle ville de F (Japon).

Elle, c’est Excel, héroïne d’Excel Saga, série animée japonaise hystérique, furieuse, barrée, parodique, hyper-référentielle et hilarante (pour qui tient le rythme). Excel, c’est très simple : elle ne la ferme jamais, n’écoute pas ce qu’on lui dit, traverse la vie en semant un bodel noir autour d’elle sans s’en soucier dans les rares cas où elle s’en rend compte. Elle est flanquée d’une jolie brune encore plus paumée, qui a une fâcheuse tendance à mourir toutes les cinq minutes.

Autour d’elle s’agite toute une collection de personnages hyper pas réalistes. Ses trois voisins chômeurs – glandeurs, dont l’un s’exprime à la manière d’un personnage de BD, à savoir à l’aide de texte apparaissant au-dessus de lui, deviendront employés municipaux et enfileront ainsi des costumes à super-pouvoirs avec lesquels ils s’efforceront de rétablir l’ordre. Leur chef est un grand type mystérieux dont la moustache ne tient pas très bien.

Occasionnellement, on croisera aussi des Poutchous. Les Poutchous sont de petites créatures extraterrestres très mignonnes dont l’intention est d’envahir notre planète. Hélas pour les humains, même ceux qui connaissent leurs plans ne peuvent rien contre eux : ils sont trop mignons. Le célèbre Majordome de l’espace en fera les frais.

Et puis, il y a Menchi. Menchi est une petite chienne blanche toute choupinette qui ressemble à un chat. Elle a le malheur d’appartenir à Exel, qui la transporte attachée sur sa tête et la surnomme « ragoût de secours ». Menchi accumule emmerdes, déconfitures et frustrations. C’est elle qui chante le générique de fin (en langage chien traduit en japonais), intitulé « Boléro de la tristesse – Alors, vous allez me manger ».

Mais ce n’est rien face à ce qu’endure Pedro, un ouvrier sud-américain exilé au Japon loin de sa femme et de son fils. D’abord, il meurt. C’est là que ses ennuis commencent vraiment. La Volonté Suprême de l’Univers (une espèce de galaxie avec des bras humains) se prend d’affection pour lui, mais ne fait qu’aggraver ses problèmes. Mort, Pedro souffrira mille tourments, jusqu’à ce que son histoire finisse par avoir un lien avec le reste.

Car pour découvrir et comprendre où va Excel Saga, il faut s’accrocher. D’abord conçue comme un laboratoire permettant de jouer avec tous les sous-genres et les codes de l’animation japonaise, la série raconte quand même une histoire, même si on a beaucoup de mal à en percevoir les contours pendant, mettons, vingt-deux épisodes. Pour une série qui n’en compte que vingt-six, vous reconnaitrez que ce n’est pas banal (surtout que l’histoire se conclut à l’épisode 25, tandis que le dernier est un pur cadeau aux fans et une démonstration ultime d’hystérie maîtrisée).

Excel Saga. 26 fois 22 minutes de bonheur sous acide, de folie cocaïnomaniaque, de critique sociale ilpalazzienne, de poutchous trop mignons et de chutes dans des trappes parce que foutrebleu, Excel, tu vas la fermer, oui ou merde ?!!

Excel Saga, c’est bien.

Au Suivant

January 18th, 2006 by xalligator
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au suivant.jpg.jpgLe livre gisait sur l’étagère un peu en retrait des autres. C’est plutôt le format, allongé et beige qui a attiré mon regard. Je ne connaissais ni l’auteur, Frank Huyler, ni le titre «Au suivant». Le sous-titre «scènes vécues au service des urgences médicales» imposait tout de suite le décor et la collection «un endroit où aller» me plaisait.
Comme toujours, une fois ouvert, le livre m’appartenait déjà un peu, quelques phrases péchées au hasard m’ont convaincu de l’adopter.
Et, comme nous vivons dans des temps plus cartésiens, je suis allée à la caisse, l’ai payé et emporté.

Huyler est médecin au Nouveau-Mexique (1).
Il est aussi poète (2).

Son recueil de nouvelles reprend des moments choisis de sa vie d’urgentiste. Je pensais me retrouver avec des anecdotes plus ou moins sanglantes et me demandais vaguement quel sentiment obscur m’avait poussé à acquérir le livre mais l’auteur ne joue pas dans Urgences (3), c’est un poète. Il décrit des moments choisis dans lesquels on se retrouve étrangement.
Les nouvelles sont courtes, certaines ne prennent que trois pages, d’autres 20.
J’avais décidé de n’en lire qu’une par jour pour savourer chacune d’entre elle.
28 jours plus tard je ne l’ai pas regretté.

Ces moments de vie ne sont pas intenses. Lorsqu’ils sont dramatiques, c’est un drame étouffé un peu émoussé. Je n’ai pas eu l’impression de lire un livre mais plutôt celle de passer un we, dans une cabane plantée sur un plateau aride, avec l’auteur. La nuit était avancée, et les yeux perdus dans le vide, au pied du feu ouvert, celui-ci me racontait des histoires passées.
La chaleur et le temps adoucissaient les récits, sa voix les maintenait à flot. J’étais subjuguée. Pas tant par l’histoire des autres que par sa vison de ces « autres » et la façon dont il relatait les évènements comme un témoignage simple mais essentiel.

Frank Huyler utilise un vocabulaire commun pour relater des histoires banales.
Et pourtant ces nouvelles épurées de tout superflus sont très belles.

invisible.jpgDommage que l’éditeur ait choisi ce titre « Au suivant », « The Blood of Others » (4) correspondait mieux aux nouvelles et surtout ne donne pas cette impression kafkaïenne qu’on n’y retrouve pas.. Mais l’important est d’avoir découvert un auteur.

Frank Huyker a aussi écrit un roman « The Law of Invisible Things » qui sera édité sous le titre « La loi des choses invisibles » (5)
En attendant si les nouvelles vous attirent, et si vous n’avez pas d’idées de lecture …

(1) A Albuquerque
(2) Ses textes ont été publiés dans quelques parutions américaines « The Atlantic Monthly », « The Georgia Review », « Poetry »
(3) Urgence « ER », série TV dramatique américaine se déroulant dans un service d’urgence à Chicago
(4) Le sang des autres
(5) A paraître, également chez Actes Sud, même collection « Un endroit où aller »

Comment j’ai découvert Samuel Barber

January 16th, 2006 by Ed
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La musique en fond sonore, ça peut convenir aux salles d’attente et aux supermarchés mais ce n’est pas (encore) de mise dans les musées.

J’étais donc intriguée, en entrant dans une petite salle du Tate Modern, de me retrouver baignant dans une musique un peu austère. Un petit attroupement m’empêchait de bien voir ce qui était présenté dans la pénombre de la salle mais j’avais pu apercevoir le corps nu d’un jeune homme.

barber[1].jpgFoin de concupiscence, c’est la musique de Samuel Barber qui m’a incitée à rester. Au bout d’un moment, des visiteurs ayant poursuivi leur chemin, je me suis retrouvée face au jeune homme gracile qui se mouvait, nu, sur l’écran. Son corps se balançait, ondulait assez souplement en cadence. Son sexe battait, lui aussi, contre ses cuisses, son ventre mais pour le jeune homme, ça n’avait aucune importance, il ne ressentait aucune gêne puisque le public n’existait pas. Seul, il dansait au milieu de sa chambre, l’air absorbé et extatique. Son grand corps blanc et mince semblait s’offrir, entrer en communion spirituelle avec la musique qui nous était donnée à écouter et que nous écoutions dans le silence religieux de cette étonnante chapelle.

Brontosaurus.jpg

J’ai fini par me retrouver seule dans la salle, envoûtée par la musique, fascinée par cette danse, à peine distraite par le va-et-vient des rares visiteurs qui avaient tôt fait de tourner les talons face à ce spectacle insolite.

J’ai pris soudain conscience du spectacle que j’offrais moi aussi, seule à admirer ce jeune danseur nu. De visiteuse, spectatrice, j’étais devenue voyeuse et j’ai ressenti le besoin, littéralement, d’aller voir ailleurs. Mais avant de partir, il me fallait quand même savoir qui était le maître d’oeuvre de cette composition si intrigante et quelle était la musique sur laquelle le jeune homme semblait être en transe. Un panneau se trouvait à l’entrée de la salle mais j’avais été tellement hypnotisée que j’étais passée à côté sans le voir.

taylor-wood[1].gifUn peu gênée, j’ai consacré quelques instants à la lecture du panneau qui m’appris que l’artiste était une femme du nom de Sam Taylor-Wood et la musique une composition de Samuel Barber intitulée Adagio.

Un commentaire de l’artiste expliquait la création de Brontosaurus et replaçait l’oeuvre dans son contexte. On apprenait ainsi que le jeune homme avait été filmé alors qu’il dansait nu sur une musique techno-jungle assez rapide. Puis le film avait été ralenti jusqu’à donner une certaine grâce, élégance aux mouvements parfois désordonnés du danseur. Enfin, la musique originale avait été remplacée par cet adagio mélancolique, accentuant le caractère fragile du sujet livré à notre regard scrutateur et impudique.

J’avais donc bien senti le malaise qu’avait voulu nous faire ressentir l’artiste. Elle-même avait été frappée par l’utilisation de l’adagio pour cordes de Barber au cinéma où la musique avait été choisie pour illustrer tantôt l’héroïsme, tantôt la difformité. Sa composition, quant à elle, mettait en scène les nombreuses facettes de l’humain, à la fois beau, maladroit, pathétique et ridicule , faisant surgir des sentiments tout aussi divers et contradictoires.

J’ai finalement quitté la salle ce jour-là avec le sentiment d’avoir fait une vraie découverte : celle de deux artistes qui, à travers la conjonction de deux oeuvres, arrivent à imprimer une marque profonde.

En avant la musique

January 13th, 2006 by Ed
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En ce moment, j’écoute de la musique de films. Drôle d’idée s’étonneront les uns, bonne idée diront les autres, quelle idée penseront ceux pour qui cela se réduit à des compilations hétéroclites de morceaux divers et de chansons.

on connait.jpgOn connait la chanson (1) illustre d’ailleurs bien mon propos. Même s’il s’agit là du pire exemple dans la mesure où aucune musique n’a été composée spécifiquement, ceux qui ont vu le film se rappellent comment les chansons ont été utilisées pour illustrer les situations, renforcer les sentiments, ajouter à l’ambiance. On se souvient en même temps de la chanson et de la scène du film dans laquelle elle est utilisée. Echange de bons procédés.
broken.jpgLe but même de la musique de film n’est pas du tout de masquer les vides, aider le spectateur à comprendre un propos confus ou au contraire renforcer un message déjà top appuyé. Dans Broken Flowers (2), par exemple, la musique choisie par le voisin et complice du héros plonge ce dernier dans l’ambiance de la quête, elle rythme et souligne son voyage à la fois physique et intérieur. Le spectateur entame le voyage avec lui. Chaque nouvelle piste démarre sur cette musique qui invite à la découverte sur son rythme exotique et un rien lancinant.Même si elle est loin d’être intégrée au film comme certains amateurs (et compositeurs) aimeraient, même si l’image reste prépondérante, le travail des compositeurs et le rôle de composition se sont considérablement accrus. Même s’il est rare que les compositeurs fassent réellement équipe avec le réalisateur pour produire une oeuvre, des synergies peuvent voir le jour.

goldenthal.jpgLe non-initié méconnait ou ignore le travail demandé au compositeur dont la musique doit coller aux images sans trop s’imposer, faire oeuvre novatrice sans choquer,… Le compositeur doit savoir et pouvoir s’adapater à des styles de films aussi différents que Missing, Titanic, Willow ou Star Trek (James Horner), un western, un film d’action, un policier ou un space-opéra (3). La musique doit permettre à la fois l’identification immédiate d’un film (Alien 3, Elliot Goldenthal) tout en restant dans l’esprit des précédents d’une même saga (Alien, James Horner - Aliens, Jerry Goldsmith) à travers notamment la reprises de motifs attachés à des personnages.

Si la musique de film apparaît moins cohérente qu’un opéra ou une symphonie, c’est parce que les climats peuvent être très différents d’une séquence à l’aute, d’une minute à l’autre. C’est d’ailleurs ce qui rend l’écoute seule parfois si déroutante. De là à en déduire que c’est ce qui amène certains éditeurs à réorganiser les pistes non pas en suivant le déroulement du film mais en essayant de former un ensemble plus cohérent et équilibré à écouter…

nyman.jpgSans aller jusqu’à crééer une oeuvre réellement conjointe, quelques réalisateurs ont tissé des liens forts avec des compositeurs, tels Peter Greenaway avec Mickaël Nyman (4) ou Atom Egoyan avec Mychael Danna (5). Des compositeurs comme Mickaël Nyman apposent une marque très particulière et facilement reconnaissable sur les films auxquels ils participent, d’autres au contraire collent au style et à l’ambiance du film tout en apportant leur sensibilité, leur culture, tels Mychael Danna. Il n’existe aucune généralité quand au type de collaboration attendu ou aux méthodes de travail des uns et des autres. Chaque collaboration est différente et soigneusement pensée et conduite comme nous le prouvent la rupture de certains contrats (6).hisayashi.jpgIl est à noter pour terminer que si certains compositeurs se sont principalement dédiés à la musique de films (Jerry Goldsmith) et que certains noms sont associés à l’animation japonaise (7), à la télévision (8) ou à la publicité (9) d’autres compositeurs se sont construit une notoriété grâce à leurs oeuvres “classiques” : Philip Glass (10), Michael Kamen (11) ou Elliot Goldenthal (12).

En tant que néophyte, je suis bien incapable d’approfondir réellement le sujet mais pour suivre (quoi que très sporadiquement) les dossiers et le forum de Traxzone, sité spécialisé en musiques de film, j’ai beaucoup appris sur ce qui ne constituait pour moi qu’un fond sonore plus ou moins adapté et agréable.

(1) Film d’Alain Resnais, 1997
(2) Film de Jim Jarmusch, 2004
(3) Dans l’ordre, Rio Lobo, Rambo, Basic Instinct, Star Trek, musiques composées par Jerry Goldsmith
(4) Meurtre dans un Jardin Anglais - Drowning by Numbers - Le Cuisinier, le Voleur sa Femme et son Amant - Prospero’s Books - … 11 oeuvres au total
(5) La Vérité Nue - Ararat - Exotica - Le Voyage De Felicia - De Beaux Lendemains - Speaking Parts
(6) Gabriel Yared remplacé par James Horner, Troie de Wolfgang Petersen - Howard Shore remplacé par James Newton Howard, King Kong de Peter Jackson
(7) Joe Hisaishi, pour ses participations aux réalisations d’Hayao Miyazaki
(8) Lalo Schifrin, à qui l’on doit le générique de la série télévisée, Mission Impossible
(9) Danny Elfman, qui a composé des spots pour Nike et Nissan, est également connu en tant que co-fondateur du groupe rock californiern Oingo Boingo
(10) Einstein on the Beach, Satyagraha et Akhnaten : opéras formant une trilogie sur les grands hommes
(11) Concerto For Saxophone - On Wings Of Victory, pièce chorale symphonique pour les J.O. d'’Atlanta
(12) Fire Water Paper, oeuvre commémorative commandée par le Pacific Symphony Orchestra pour le 20ème anniversaire de la Guerre du Viêtnam - Shadow Play Scherzo, pour les 70 ans de Leonard Bernstein

C’est décidé, je ne laisserai aucune trace !

January 11th, 2006 by xalligator
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csi-S2-004.0.jpgAllez-y appelez Grissom {1} à la rescousse ça ne servira à rien ! Because je suis en train de taper avec des gants en latex que j’ai enfilé sur mes gants de ski pour ne pas laisser d’empreintes à l’intérieur du latex (pas mal hein ?) et j’ai recouvert mes gants de ski de talc (la marque la plus vendue au monde dans le flacon le plus commun au monde que j’ai fait acheter par un gamin ramassé à 200 km, déguisé en fille et qui a payé avec de la monnaie, et des gants, et qui a disparu !). Et bien entendu, je tape à l’envers sur mon clavier et avec mes auriculaires pour ne pas laisser de « rythme de dactylo » reconnaissable.
Comme la plupart des passionnés de Thriller&co, j’étais passionnée de criminologie mais je dois avouer que depuis que l’engouement pour le « medico legal » est né, c’est vraiment le paradis.Vive Patricia Cornwell {2}, a qui, il faut bien l’avouer, on doit le succès des techniques d’analyses des preuves récoltées sur les scènes de crime. Si elle n’avait pas lancé sa série «Scarpetta » en 1990, peut-être n’aurions-nous «rien» à nous mettre sous la dent de nos jours. Mais heureusement les livres ont remporté un succès immédiat auprès des lecteurs. Et même si elle s’essouffle un peu dans sa série, nous pouvons à présent nous jeter sur les livres de Reichs {3} qui suit le même sentier.csi-ctv-01.jpgEt puis après la littérature, la tv a suivi. 10 ans plus tard, en Octobre 2000, « Les Experts » {4} sont nés. Hip Hip Hip…J’ai pas mal changé depuis que je suis une fan des experts. Je me rase la tête avant de faire mes courses, on ne sait jamais que quelqu’un trouve un cheveu, je ne touche jamais les gobelets qu’on me propose au commissariat rien que pour subtiliser mon ADN, je ne freine jamais devant les piétons pour éviter de laisser des traces de pneus…Au début je regardais juste les Experts (Las Vegas) en me promettant de ne jamais saigner nulle part depuis que j’ai appris qu’il suffit de petites lampiottes bleues pour faire apparaître les traînées lavées au white spirit (et que je sais que les experts ne se promènent jamais sans leur mini lampe de poche)InvisibleEvidence_259.jpgEt de ne pas étrangler des touristes avec un cordon de rideau, faut vraiment être distrait pour laisser des cellules épithéliales sur une cordelette qui ne se vend que dans une seule boutique de la mégapole. Quand je pense que j’ai failli faire des études de chimiste alors qu’il suffit de regarder les épisodes pour apprendre les trucs utiles…Mais bientôt comme beaucoup d’entre vous, j’en suis certaine, ça n’a plus suffit. Heureusement vu le succès des « Las Vegas », les producteurs, avec bcp d’imagination, ont décidé d’agrandir la famille et CSI Miami est né ! J’ai été un peu lente à la détente mais j’ai fini par succomber parce que c’est important de comprendre les différences de gestion des « évidences » dans les différents états.758-csi-miami-equipe.jpgPar exemple si tu veux te débarrasser d’un mannequin y’a qu’à aller à Miami, il n’y a que ça. Bon c’est vrai qu’il vaut mieux employer une balle constitué de chaire humaine gelée sinon la petite peste blonde pourra vous retrouver rien qu’en louchant sur un éclat de balle (que la légiste lui remet tjs, une vraie manie). Et surtout surtout n’utilisez jamais de couteau because tous les fanas de lame se coupent tjs et laissent tomber des gouttes de « gravitation » perpendiculaires au sol. Et fatalement Eric va sortir un coton tige de sa poche et hop celui-ci va se rosir prouvant que c’est du sang humain (ce qui est vraiment important même si les meurtres au couteau perpétrés par des kangourous sont encore assez rares).

cast.jpgMaintenant j’ai obtenu le grade de « specialiste des experts » à la « forensic-academy » et je peux même comprendre CSI New York (né deux ans plus tard) où les experts sont non seulement experts dans au moins 15 catégories scientifico-criminelles différentes mais ont en plus chacun des expertises variées dans des catégories hautement improbables (vous savez genre experte en « philosophie et maîtrise de la cérémonie du thé en Orient »). C’est très dur d’être expert à NY ; faut non seulement être poseur comme à Miami et avoir un QI exceptionnel comme à LV faut aussi pouvoir baragouiner avec l’accent New Yorkais en ayant l’air speedé. Il faut bien l’accepter les séries tv de type thriller ont un succès énorme.

csi millions.jpgcsi top.jpgAux USA, si on analyse le top 20 des programmes tv les plus regardés, les séries policières remportent 11 places ; CSI gagne la première place, tout confondu, en s’offrant presque 18 millions de spectateurs.

Personnellement je suis persuadée que : plus que l’engouement du public pour le médico-légal, les explications sophistiquées et les effets visuels « de type documentaire » insérés dans les épisodes, le succès de ces séries est du en majorité au fait que les spectateurs sont traités comme des êtres humain ayant les capacités (si pas la connaissance) pour comprendre l’histoire.La télé offre trop souvent des séries transparentes, faciles, inodorantes (en dehors de la SF), alors que le public attend (et le prouve) du haut niveau.

Espérons que les producteurs finiront par le remarquer et par continuer à nous fournir de nouveaux défis.

Moi, je suis complètement « addicted » et j’attends avec impatience que les épisodes se succèdent {5}Mais en attendant le prochain épisode, il va falloir que je trouve le moyen de me promener « incognito » avec des sacs en plastique couvrant mes chaussures, pour ne pas « transférer » de feuilles microscopiques (qui ne poussent que dans les mètres carrés de l’endroit où j’habite) sur la prochaine scène de crime .

Parce qu’il faut bien le dire : les Experts donnent beaucoup de réponses quand il s’agit de découvrir la vérité mais quand on veut des renseignements sur le moyen de passer inaperçu, ils sont beaucoup moins bavards.

{1} Pas question. Soit vous connaissez les persos et les présentations sont superflues soit vous ne savez pas de qui je parle et de toute façon ça n’apportera rien. Remarquez vous pouvez toujours vous améliorer
{2} Patricia Cornwell est une auteur américaine dont l’héroïne, le docteur Scarpetta, est La spécialiste medico-légale aux Etats-Unis (je vous épargne les nombreux titres de l’auteur et du docteur). Vous pouvez suivre ses aventures dans : Postmortem - Mémoires mortes - Il ne restera que poussières…- Une peine d’exception - La séquence des corps - Une mort sans nom - Morts en eaux troubles - Mordoc - Combustion - Cadavre X - Dossier Benton - Baton Rouge
{3} Kathy Reichs est une auteur américaine dont l’héroïne, le docteur Brennan, est La spécialiste medico-légale aux Etats-Unis et au Canada (je vous épargne les nombreux titres de l’auteur et du docteur). Vous pouvez suivre ses aventures dans : Déjà Dead - Passage mortel - Mortelles décisions - Voyage fatal - Secrets d’outre-tombe
{4} « CSI », « CSI MIAMI » et « CSI NY », sont respectivement nommées « Les Experts », « Les Experts Miami » et « Les Experts Manhattan » en VF et « CSI : Crime Scene Investigation » est en souvent appelé « CSI Las Vegas » ou « Les Experts Las Vegas » pour faire la différence avec les deux autres séries qui sont nées ultérieurement.
{5} CSI (Las Vegas) compte, à ce jour, 6 saisons (Dernier épisode paru : n°128, 6×11 «Werewolves» )
CSI Miami compte, à ce jour, 4 saisons (Dernier épisode paru : n°84, 4×12 «The Score»)
CSI NY compte, à ce jour, 2 saisons (Dernier épisode paru : n°34, 2×11 «Trapped»)

Des noms, des noms

January 9th, 2006 by Ed
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J’aime trop la littérature pour vouloir opposer vainement des genres mais je supporte mal le ghetto où sont toujours enfermés les auteurs de SF qui pourtant ont plus écrit sur la véritable humanité en contant des exploits galactiques que n’a su le faire une certaine intelligencia dans ses introspections sophistiquées.La science-fiction, ce ne sont pas seulement des idées mais des formes avec notamment la nouvelle, où les auteurs ont souvent fait preuve d’une incroyable maestria et qui est au roman ce que le court-métrage est au film, à la fois exercice de style et laboratoire de recherche (8).La science-fiction fait voler en éclat les cadres rigides, coule le roman dans de nouveaux moules, composant de véritables mosaïques de textes (9), tramant des motifs complexes et foisonnants (10), recomposant le monde à la manière de tableaux surréalistes (11).
Elle peut nous régaler avec des histoires de quelques pages ou de véritables sagas s’étalant sur plusieurs volumes, nous faire vivre des drames ou partager des rires, de l’horreur ou de la poésie, parler de science froide et mécanique ou de ce qu’il y a de plus chaud et humain : le sexe car elle ne supporte ni contraintes, ni tabous.

Quelques oeuvres à découvrir :

  • absurde - Kurt VONNEGUT, Le berceau du chat, 1963
  • drame - Robert SILVERBERG, L’oreille interne, 1971
  • géopolitique - Frank HERBERT, Dune, 1965
  • guerre - Joe Haldeman, La guerre éternelle, 1974
  • histoire - Clifford D. SIMAK, Demain les Chiens, 1952
  • horreur - Stephen KING, Les Tommyknockers, 1987
  • humour - Terry PRATCHETT, Le grand livre des gnomes, 1989-1990
  • poésie - Ray BRADBURY, Les Chroniques martiennes, 1951
  • polar - Isaac ASIMOV, Le Cycle des Robots, 1950-1964
  • politique - Orson Scott CARD, Le Cycle d’Ender (8 volumes), 1985-2006
  • saga - Anne McCaffrey, La saga de Pern (16 volumes), 1968-2003
  • sexe - Philip José FARMER, Comme une bête, 1968
  • science - Arthur C.CLARKE, 2001, Odyssée de l’Espace, 1968 - film de Stanley KUBRICK, 1968
  • thriller - A VAN VOGT, A la poursuite des Slans, 1946

(1) (clin d’oeil à) Fahrenheit 451, Ray BRADBURY, 1953
(2) Le Meilleur des Mondes, Aldous HUXLEY, 1932
(3) La ferme des animaux, George ORWELL, 1945
(4) Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?, Philip K DICK, 1968, qui a donné le film Blade Runner, réalisé par Ridley SCOTT, 1982
(5) Buck Rogers, bande dessinée parue dans des fanzines tels qu’Amazing Stories entre 1928 et 1967
(6) Starship Troopers, 1997, film de Paul VERHOEVEN
(7) Star Trek, 1966, série télévisée créée par Gene RODDENBERRY
(8) Lune de miel en enfer, Fredric BROWN, 1958
(9) Tous à Zanzibar, John BRUNNER, 1968
(10) Le seigneur des Anneaux, JRR TOLKIEN, 1954-1955
(11) Vermilion sands, JG BALLARD, 1971